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Mark Rutte

Secrétaire général de l’OTAN

Fiona Bourdon

Fiona Bourdon est étudiante au sein du master Analyse et gouvernance internationale des ressources et des risques (AGIR) de Sciences Po Rennes, master de relations internationales, spécialisé en ressources et risques.

Mots clés :  Portrait   coopération   diplomatie   guerre en Ukraine   OTAN 

Premier ministre des Pays-Bas entre 2010 et 2024, Mark Rutte a été nommé secrétaire général de l’OTAN le 1er octobre dernier. Après avoir obtenu un diplôme d’histoire à l’université de Leiden et étudié à l’International Institute for Management Development de Lausanne (Suisse), il a travaillé au sein de l’entreprise anglo-néerlandaise Unilever, tout en s’investissant, en parallèle, dans une carrière politique au sein du Parti Populaire pour la liberté et la Démocratie (VVD). Chef du gouvernement néerlandais pendant 14 ans (un record de longévité pour un Premier ministre dans le pays), il s’est illustré durant ce mandat par un engagement des Pays-Bas sur la scène internationale, en particulier dans les domaines de la sécurité, la défense, l’emploi, les affaires sociales et l’économie.

Les orientations de son mandat dans un contexte troublé

Dès les premiers mois de son mandat à l’OTAN, Mark Rutte a dû naviguer dans un contexte international marqué par la guerre en Ukraine et l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Le nouveau Secrétaire général a souhaité faire de la construction d’un accord de paix durable pour l’Ukraine l’une de ses priorités, notamment en affirmant une mobilisation otanienne toujours intacte pour défendre le pays de Volodymyr Zelensky. Plus que jamais, Rutte prône une coopération renforcée au sein de l’Alliance en intensifiant les exercices militaires et en promouvant une politique de réarmement. Dans une période de reprise de l’intensité du conflit russo-ukrainien, le Secrétaire général a appelé les membres de l’Alliance à se préparer à la guerre en augmentant leurs investissements de défense pour développer une stratégie de paix par la dissuasion en réponse à l’armement toujours plus massif de la Russie.

En parallèle, Mark Rutte doit se confronter aux contestations de Donald Trump vis-à-vis de l’Alliance. Il a affirmé sa volonté de restaurer et d’entretenir le partenariat transatlantique. Sur le dossier ukrainien, l’enjeu est d’autant plus grand que le président des États-Unis a marqué une rupture de la position diplomatique de son pays par rapport à l’administration Biden. La rencontre entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump le 28 février dernier à Washington, durant laquelle les États-Unis sont revenus sur un certain nombre d’accord avec l’Ukraine, est révélatrice de ce tournant. De fait, l’OTAN doit assurer une position d’équilibriste entre soutien à l’Ukraine et préservation des relations avec les États-Unis.

Un « bâtisseur de consensus », Jens Stoltenberg, juin 2024

Outre une connaissance précise des sujets à traiter et des orientations claires, c’est la personnalité de Mark Rutte qui a fait de lui le candidat idéal au poste de Secrétaire général. Son style ouvert, conciliant, sa grande popularité ainsi que son atlantisme fort lui ont valu sa nomination. En effet, Rutte incarne une personnalité à la croisée des chemins entre européanisme convaincu et atlantisme chevronné. Il plaide en faveur d’une voix unique de l’Union européenne face à la Russie, tout en s’efforçant de maintenir des relations apaisées avec les États-Unis. Il demeure donc une figure consensuelle, défenseur des valeurs européennes et d’un atlantiste qui donne prudemment raison au président états-unien dans sa vision de l’OTAN. En bon « bâtisseur de consensus », Rutte cherche sans cesse à favoriser une re-connexion des intérêts américains et européens. C’est sans conteste qu’il sait plaire et faire l’unanimité parmi ses homologues internationaux, comme le prouvent ses nombreuses rencontres avec les chefs d’État des pays de l’Alliance et les bonnes relations qu’il entretient avec chacun d’entre eux.

Une vision optimiste des relations internationales

Dans ce contexte troublé, l’une des caractéristiques du mandat de Mark Rutte demeure son « optimisme prudent », qu’il met en œuvre notamment dans la gestion des relations entre l’Ukraine et les États-Unis. Son optimisme s’est également illustré lors de sa gestion, jugée adaptée et réussie, de la crise du vol MH17 de la Malaysia Airlines, abattu par la Russie au-dessus de l’Ukraine lorsqu’il était encore Premier ministre des Pays-Bas. Cet épisode a ainsi marqué sa détermination à contribuer à la sécurité mondiale en renforçant la coopération multilatérale, au sein d’une Europe et d’une OTAN unies.

Pour citer ce document :
Fiona Bourdon, "Mark Rutte. Secrétaire général de l’OTAN". Portrait [en ligne], 17.04.2025, https://observatoire-multilateralisme.fr/publications/mark-rutte/