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Malala Yousafzai

Une activiste invincible

Aiyana Christoph

Aiyana Christoph est étudiante entre Sciences Po Lille et l’Université de Münster. Elle est particulièrement intéressée par les mécanismes de coopération internationale et de défense des droits de l’Homme.

Mots clés :  Portrait   droits humains   enfant   ONU   paix 

« Les extrémistes ont peur des livres et des stylos ». Discours de Malala Yousafzai à l’ONU, 2013. 

Une scolarisation perturbée

Née en 1997 au Pakistan, Malala Yousafzai était écolière jusqu’en 2009, quand des militants soutiens des Talibans ont commencé à détruire des écoles pour jeunes filles. Alors âgée de 12 ans, elle commence à s’exprimer sur un blog de la BBC au sujet de la situation des filles au Pakistan et leurs craintes de ne plus pouvoir se rendre à l’école. Face à la violence des Talibans, elle doit fuir le Swat, sa région de naissance. Ces événements marquent le début de l’engagement de la jeune fille.  

En 2011, elle reçoit du gouvernement pakistanais le prix national de la jeunesse pour la paix grâce à son témoignage Journal d’une écolière pakistanaise sur le blog. Mais ses revendications la rendent plus vulnérable face aux Talibans. En 2012, elle est en effet la cible d’un attentat dans le bus qui la mène de l’école à sa maison et reçoit une balle dans la tête. Les Talibans justifient leur acte en présentant la jeune fille comme une menace pour leur culture du fait des valeurs occidentales qu’elle diffuse. Après avoir bénéficié de soins au Pakistan, puis au Royaume Uni, Malala peut finalement sortir de l’hôpital en 2013. Cet événement bouleverse le monde entier. Barack Obama et la reine Elizabeth II expriment leur consternation, et elle recevra le prix international de la paix pour les enfants par la Fondation KidsRights.

Le multilatéralisme pour un droit à l’éducation universel

Malala Yousafzai s’engage ensuite plus intensément dans les activités multilatérales. Elle fonde l’organisation internationale Malala Fund avec l’aide de son père. Cette organisation a pour but de promouvoir l’éducation des enfants, et notamment des filles, dans le monde entier. Il s’agit d’attirer l’attention sur cet enjeu et d’encourager les filles à réclamer leur droit à l’éducation. Pour son engagement, Malala reçoit en 2013 le prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes

Ce droit à l’éducation pour tous est donc au cœur de sa lutte. Dans son discours à la tribune de l’ONU en 2013, elle affirme qu’ « au lieu d’envoyer des armes, au lieu d’envoyer des tanks en Afghanistan et dans tous ces pays qui souffrent du terrorisme, il faut envoyez des livres« . Quelques mois après, elle reçoit le prix des droits de l’homme des Nations Unis. A seulement 16 ans, elle est désignée comme l’une des personnes les plus influentes par le magazine TIME. Elle publie aussi son premier livre intitulé I am Malala en 2013. Sa lutte pour l’éducation lui vaut le prix Skaharov pour la liberté de pensée du Parlement européen. Le temps de sa reconnaissance internationale n’est pas terminé pour autant. 

Prix Nobel de la Paix à 17 ans 

En 2014, le prix Nobel de la paix lui est attribué. À seulement 17 ans, elle devient alors la plus jeune lauréate encore vivante et la première Pakistanaise à recevoir ce prix. A cette occasion, elle promet de « continuer ce combat jusqu’à ce qu’elle voit tous les enfants à l’école ». L’histoire de Malala sert d’exemple pour d’autres ONG et inspirera le Fonds Malala de l’UNESCO pour le droit des filles à l’éducation. Portés par sa lutte, des leaders mondiaux décident en 2015, lors d’un sommet aux Nations Unies, de s’engager à atteindre l’objectif de la parité absolue dans l’éducation d’ici 2030. Cet engagement fait désormais partie des 17 objectifs de développement durable. Deux ans plus tard, Malala Yousafzai est nommée Messagère de la paix des Nations Unis par Antonio Guterres. Ce dernier souhaite donner l’opportunité à Malala de sensibiliser le monde à l’éducation des filles. Selon l’ONU, 57 millions d’enfants n’avaient encore jamais fréquenté une seule école en 2017. Le rôle de porte-parole de Malala reste donc bien nécessaire.

A l’avenir, on peut encore attendre beaucoup de Malala. La jeune femme est aujourd’hui diplômée d’Oxford et affirme vouloir faire de la politique son métier. Elle souhaite changer le système éducatif au Pakistan et y rendre l’éducation obligatoire. Selon elle, il manque des jeunes, et notamment des femmes, dans les processus de prise de décisions des politiques internationales. Malala Yousafzai est parvenue à tenir tête aux talibans grâce à ses idées, ses textes, son engagement et l’organisation qu’elle a créé à 15 ans. Tout laisse à croire qu’elle continuera son combat pour faire changer l’agenda politique international sur l’éducation des enfants. 

 

Pour citer ce document :
Aiyana Christoph, "Malala Yousafzai. Une activiste invincible". Portrait [en ligne], 02.10.2023, https://observatoire-multilateralisme.fr/publications/malala-yousafzai/