PM in a family photograph with Members, Partners and Outreach invitees on the sidelines of 17th BRICS Summit, Rio de Janeiro, Brazil on July 07, 2025, India’s Prime Minister office / Wikimedia Commons. CC0 1.0
Les BRICS proposent une voix alternative pour le multilatéralisme et suscitent de plus en plus un intérêt pour le sud global, y compris sur le continent africain.
Ousseynou Gueye est doctorant en histoire des relations internationales et stratégiques à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar au Sénégal, et chercheur junior au sein du Laboratoire d’Analayse des Sociétés et Pouvoirs / Afrique – Diaspora (LASPAD)
En juillet 2025, s’est tenu le 17e sommet des BRICS à Rio de Janeiro (Brésil). Les BRICS sont un groupe de pays fondé en 2009 autour du Brésil, de l’Inde, de la Russie et de la Chine. Rejoint en 2011 par l’Afrique du Sud, ce « club » a vocation à réunir les principales puissances émergentes pour se positionner comme une alternative à d’autres organisations et groupes internationaux marqués par l’empreinte des puissances occidentales, en premier lieu le G7.
En 2025, les BRICS se composent des dix États suivants : Afrique du Sud, Brésil, Chine, Égypte, Émirats arabes unis, Éthiopie, Inde, Indonésie, Iran, Russie. Hormis ces dix membres officiels, les BRICS comptent 10 partenaires stratégiques et des dizaines de pays qui ont manifestés leur ambition d’intégrer le club dont plusieurs pays africains.
Renforcer les relations sud-sud
Depuis que Jim O’Neill, économiste auprès de Goldman Sachs a lancé en 2001 le terme « BRIC » (transformé en « BRICS » avec l’adhésion de l’Afrique du Sud ), le modèle de coopération de ces pays émergents a évolué. Des actions substantielles ont été entreprises, dont notamment la création de la Banque de développement des BRICS en 2014 et l’établissement d’un fonds commun de réserves de change. Les BRICS consolident sans aucun doute cette recomposition. Ces dernières années, le groupe s’est imposé comme un acteur dynamique dans les affaires mondiales, se positionnant comme une alternative à l’ordre géopolitique dominé par l’Occident.
Placé sous le thème « Renforcer la coopération du Sud global pour une gouvernance plus inclusive et durable », le 17e sommet des BRICS se déroule dans un contexte marqué par une ruée de plusieurs pays du sud global vers l’organisation. Autant Bandung symbolisait un « non-alignement » du Tiers-monde, aujourd’hui les BRICS incorporent dans leur dynamique un puissant levier pour le sud global vers une nouvelle approche multilatérale.
Les BRICS offrent une voix au sud global dans un monde marqué un multilatéralisme en crises. Comme pivot du sud global, les BRICS s’ouvrent de plus en plus aux pays en voie de développement. En deux décennies, les BRICS sont ainsi passés d’un acronyme financier à une entité institutionnalisée capable d’influer sur les grands enjeux économiques, politiques et stratégiques contemporains.
Une opportunité pour l’Afrique
Après l’Afrique du Sud en 2011, l’Égypte et l’Éthiopie ont rejoint le groupe en 2023 au sommet de Johannesburg. L’Ouganda et le Nigeria figurent parmi les partenaires de ce club, sans en être directement membres. Avec l’adhésion de ces nouveaux Etats, beaucoup d’autres pays africains affichent l’ambition de devenir membre de ce club.
Cet élargissement a lieu au montent où le continent africain est prisé dans la recherche de partenariats. L’Afrique devient « the place to be ». Pays développés et pays émergents font la course pour la recherche d’opportunités économiques en raison des terres rares et des ressources naturelles stratégiques dont il regorge. Rien que le 9 juillet 2025, juste après le sommet des BRICS de Rio de Janeiro, le président américain Donald Trump avait rencontré lors d’un déjeuner à la Maison Blanche les présidents du Gabon, de la Guinée-Bissau, du Liberia, de la Mauritanie et du Sénégal. L’objectif de cette rencontre est de renforcer la coopération avec l’Afrique et de réaffirmer l’influence américaine sur le continent face à l’offensive diplomatique des BRICS. Or les États africains tendent à diversifier leurs partenariats. C’est notamment le cas avec une ouverture vers les BRICS, notamment la Chine en matière d’infrastructures et exploitation des matières premières, et la Russie pour les questions sécuritaires.
En outre, cette réunion des BRICS a donné lieu à 126 engagements touchant à divers domaines tels que la réforme des institutions financières internationales, la santé publique, l’intelligence artificielle et le climat. Il est d’autant plus préoccupant que le continent africain, très vulnérable, subit les conséquences dévastatrices du réchauffement climatique. Or, ses émissions de gaz à effet de serre ne représentent qu’environ 4% du total des émissions à l’échelle mondiale.
Le sommet 2025 des BRICS montre l’ambition de ce groupe dans sa politique de recomposition de l’ordre mondial en plaidant pour une démocratisation des institutions internationales où l’Afrique peut avoir une voix audible.
Ousseynou Gueye, "Les Etats africains au sommet des BRICS 2025. Les BRICS proposent une voix alternative pour le multilatéralisme et suscitent de plus en plus un intérêt pour le sud global, y compris sur le continent africain.". Décryptage de l'actualité [en ligne], 18.07.2025, https://observatoire-multilateralisme.fr/publications/les-etats-africains-au-sommet-des-brics-2025/
