Le sommet de Londres 2025

Dans une conjoncture ponctuée par les inquiétudes des chefs d’État européens autour du rapprochement circonstanciel entre les États-Unis et la Russie au sujet de la guerre en Ukraine, la visite du Président français Emmanuel Macron à la Maison Blanche le 24 février 2025 et la contumélie infligée au président ukrainien Volodymyr Zelensky par le président Donald Trump à la Maison Blanche le 28 février 2025, les dirigeants européens continuent de marquer leur soutien à l’Ukraine à travers différentes rencontres.

Le sommet de Londres en date du 2 mars dernier, intervient dans le contexte direct de l’algarade ayant opposé Donald Trump et Volodymyr Zelensky, alors que le monde se trouve face à « un carrefour historique » selon les propos du Premier Ministre britannique Keir Starmer. Ces efforts diplomatiques prennent place alors que la paix sur le sol européen semble s’effriter et que les incertitudes se multiplient au regard de la stratégie politique à hue et dia de l’allié historique américain. L’affermissement de la défense européenne et le renforcement du soutien à Kiev ont été au cœur des discussions du Conseil européen tenu le 20 et 21 mars 2025. « Nous, on veut protéger la paix. Quand on parle de garanties de sécurité, de tout ce qu’on fait, c’est pour protéger la paix. Les Européens ne sont pas des puissances belliqueuses. On veut protéger la paix. On veut protéger la paix sur le sol ukrainien. On veut protéger la paix pour nous, sur notre flanc est. On veut protéger la paix en Europe et donc dissuader de nous attaquer » martelait Emmanuel Macron à l’issue dudit Conseil, intervenu dans le sillage du sommet de Londres et de l’animadversion manifestée par l’administration américaine vis-à-vis de l’Europe. 

Une politique américaine synonyme de mépris du multilatéralisme

La politique étrangère trumpiste reflète néanmoins une logique transactionnelle synonyme de « coups de canif contre le multilatéralisme » et d’influence d’un courant isolationniste déjà patent durant son premier mandat de 2016 à 2020. En outre, l’entrisme croissant des institutions américaines (particulièrement la Cour Suprême) et du Parti républicain par le trumpisme, sans aucun contrepoids (ou « adultes dans la pièce »), augure la continuation sans impedimenta de cette trajectoire politique, centrée sur « America First » et sur une fascination pour les gouvernants autoritaires, qui vient alimenter le narratif d’un multilatéralisme en crise. 

Le sommet de Londres, signe de la résilience du multilatéralisme

La tenue du sommet de Londres manifeste nonobstant un contre-mouvement à rebours de cette déconsidération pour le multilatéralisme. « Il est temps d’agir » déclarait Keir Starmer dans le contexte de ce sommet. Le renforcement du soutien militaire à l’Ukraine et le support de garanties de sécurité pour l’Ukraine ont été martelés avec force, au même titre que la volonté de ramener le président russe à la table des négociations et de travailler avec Donald Trump pour garantir une paix juste et durable en Ukraine et ipso facto sur le sol européen. 

Avec le sommet de Londres, l’Europe vient réaffirmer son ADN de puissance normative, faisant ainsi contrepoids à l’unilatéralisme américain – sans pour autant discontinuer le dialogue avec Washington et Moscou. Ce sommet vient illustrer la résilience du multilatéralisme, de même qu’une logique de contrepoids face aux mouvements de repli diplomatique. Cette rencontre met en exergue la plasticité du multilatéralisme face au révisionnisme émanant de courants autoritaires, au travers d’une affirmation d’une Europe refusant de se retrouver entre le marteau et l’enclume de deux superpuissances et tournée vers le réarmement dans une logique de dissuasion et d’indépendance, rejetant ainsi toute forme d’aboulie politique.