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Kofi Annan

De fonctionnaire de l’OMS à Secrétaire général des Nations Unies : 50 ans au service du multilatéralisme

Eugénie Daviet

Eugénie Daviet est étudiante au sein du master Paix, action humanitaire et développement de Sciences Po Lille, spécialisé dans l’étude de la gestion de conflits et des questions de développement.

Kofi Annan, diplomate né au Ghana en 1938, a dédié sa vie professionnelle à défendre les bienfaits du multilatéralisme et de la coopération internationale pour répondre aux défis contemporains, au sein de l’Organisation des Nations Unies. Il a œuvré à réformer cette dernière, la dynamiser et élargir ses missions.

Les début de sa carrière onusienne

Kofi Annan fait ses débuts à l’Organisation Mondiale de la Santé en 1962. C’est ainsi qu’il commence sa carrière dans le monde des organisations internationales et dans le système onusien. Il évolue ensuite au sein des Nations Unies et côtoie différents postes et organisations onusiennes. Il devient, entre autres, chef du personnel du Haut-Commissariat aux Réfugiés en 1980. Suite à son succès pour libérer et rapatrier 900 professionnels onusiens détenus en Irak en 1990, il devient, en mars 1993, sous-secrétaire général pour les opérations de maintien de la paix. Ce mandat sera cependant ternit par l’échec de l’ONU à déployer une action efficace face au génocide rwandais de 1994. Les limites de l’Organisation sont alors mises en lumière et Kofi Annan admettra, en 2004, les manquements des Nations-Unies au Rwanda. Son action dans la sortie de crise en Bosnie-Herzégovine pour faire respecter les accords de Dayton en 1995 est quant à elle une réussite.

Septième Secrétaire général des Nations Unies

En 1996, fort de ses réussites diplomatiques en Irak et en ex-Yougoslavie et bénéficiant du soutien des Etats-Unis, Kofi Annan est investi Secrétaire général des Nations Unies. Il devient le septième à occuper ce poste et le premier d’entre eux originaire d’Afrique subsaharienne. La paix, la sécurité internationale, le respect des droits de l’homme et la mobilisation de la communauté internationale pour répondre aux défis mondiaux seront les grands combats de Kofi Annan pendant son mandat. Lors de son discours d’investiture, il affirme sa volonté d’ ”assainir les Nations Unies, les rendre plus présentes et plus efficaces, plus sensibles aux souhaits et aux besoins de ses membres et plus réalistes dans leurs buts et engagements”. Plusieurs de ses rapports révèlent d’ailleurs cette volonté : 

  • Rénover l’Organisation des Nations Unies : un programme de réformes » – 1997
  • Dans une liberté plus grande : développement, sécurité et respect des droits de l’homme pour tous » – 2005 
  • Investir dans l’Organisation des Nations Unies pour lui donner les moyens de sa vocation mondiale » – 2006

Lors de son premier mandat, Kofi Annan vit le succès de son opération de médiation auprès de Saddam Hussein afin de calmer les hostilités avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni. L’Irak accepte alors un contrôle de son armement. Kofi Annan insuffle aussi des débats et initiatives dans l’arène onusienne. A titre d’exemple, son rapport Nous les peuples : le rôle des Nations unies au XXIème siècle a inspiré les discussions qui ont abouti aux Objectifs du Millénaire pour le Développement en 2000. 

Lors de son second mandat, il se distingue par sa position contre les Etats-Unis. Dans le contexte d’insécurité mondiale, il ne parvient pas à éviter l’invasion américaine de l’Irak, qu’il critique fortement et qualifie d’ « illégale » selon la Charte de l’ONU. Il dénonce également la responsabilité du Conseil de Sécurité dans le génocide rwandais et dans le massacre de Srebrenica.

Kofi Annan reçoit de nombreuses récompenses pour son travail, notamment le prix Nobel de la paix en 2001. Quittant le Secrétariat de l’ONU en 2006, il décrit l’« état déplorable » de notre monde et plaide en faveur du multilatéralisme. Il poursuit son engagement en étant chargé, en 2012, de la dernière mission qu’il effectue pour l’ONU : médiateur des Nations Unies et de la ligue arabe en Syrie. Il démissionne six mois après l’échec de cette tentative de paix et de médiation.

Etat des lieux d’une vie au service de l’ONU

Mort en 2018 à 80 ans, Kofi Annan aura consacré 50 ans de sa vie à la diplomatie et au multilatéralisme de 1962 à 2012. L’étude de son parcours est un moyen de comprendre les efforts qu’il a déployés pour améliorer l’ONU et le fonctionnement du multilatéralisme. La figure de Kofi Annan permet de nous interroger sur l’efficience des instruments de l’ONU. Sa volonté de réformer l’organisation s’est illustrée par différents éléments : le soutien à davantage de transparence entre le secrétariat de l’ONU et les Etats membres et d’intégration de la société civile dans les processus, la volonté de former une armée de casques bleus plus efficace, le soutien à l’adoption du concept de responsabilité de protéger, etc. Mais Kofi Annan a aussi connu des échecs dans sa volonté de réforme onusienne, notamment sur la question du Conseil de sécurité, qu’il souhaitait élargir. Ce débat est toujours d’actualité et les propositions de réformes de Kofi Annan restent pertinentes pour appréhender un potentiel élargissement.

Pour citer ce document :
Eugénie Daviet, "Kofi Annan. De fonctionnaire de l’OMS à Secrétaire général des Nations Unies : 50 ans au service du multilatéralisme". Portrait [en ligne], 16.10.2023, https://observatoire-multilateralisme.fr/publications/kofi-annan/