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Josep Borrell

Vice-président de la Commission européenne et Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité

Pauline Adé

Pauline Adé est étudiante au sein du master Paix, action humanitaire et développement de Sciences Po Lille, spécialisé dans l’étude de la gestion de conflits et des questions de développement.

« Who do I call if I want to call Europe ? » – Henry Kissinger à propos des difficultés de l’Europe à gérer ses affaires extérieures. 

C’est aujourd’hui Josep Borrell que Henry Kissinger, ancien secrétaire d’État de Richard Nixon, aurait eu comme interlocuteur s’il avait voulu s’adresser à l’Europe.

Né en 1947, Josep Borrell i Fontenelles, évolue depuis près de 50 ans sur la scène politique espagnole au sein de laquelle il représente une figure du Parti socialiste ouvrier espagnol après avoir collaboré avec Felipe González et Pedro Sánchez. 

L’échelle européenne, soutien du multilatéralisme

Fervent défenseur de l’unité espagnole, Josep Borrell est également connu pour son attachement à l’échelle européenne. Il eut l’occasion d’exprimer sa conviction de la pertinence de cette échelle en tant que député européen, lors de son mandat de président du Parlement européen entre 2004 et 2007. Aujourd’hui encore, il défend cette position en tant que Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (HR) et ex officio, Vice-président de la Commission européenne (VP) depuis le 1er décembre 2019. Voix de l’Union européenne (UE) en matière de politique étrangère, le HR/VP, en accord avec les prérogatives définies aux articles 18 et 27 du traité sur l’UE, conduit la politique étrangère et de sécurité commune de l’UE. Il exerce également son autorité sur le Service européen pour l’action extérieure. Cette personnification de la représentation extérieure de l’UE permet de rendre visible un poste parfois mal connu.

« Le multilatéralisme est important parce qu’il fonctionne. Mais nous ne pouvons pas être multilatéralistes tout seuls. A l’heure où le scepticisme gagne du terrain, nous devons démontrer l’intérêt et la pertinence du système multilatéral ».

En s’exprimant en ces termes au mois de février 2022, Josep Borrell a, une nouvelle fois, prouvé son engagement dans la constitution d’une Europe plus forte sur la scène internationale, en se montrant convaincu de la pertinence du multilatéralisme. En effet, près de 2 ans après sa prise de poste, Josep Borrell affiche toujours son intérêt pour une action multilatérale encore plus nécessaire au vu des défis – environnementaux, économiques, sécuritaires entre autres – du 21ème siècle dont la résolution ne pourra se faire sans une gouvernance multilatérale accrue. Selon lui, un renfermement des pays sur eux-mêmes est un frein à leur résolution. De fait, si depuis sa nomination le multilatéralisme est menacé par une relative paralysie de structures sectorielles comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ou l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Josep Borrell désire toujours faire de l’Europe le levier de la revitalisation du multilatéralisme sur la scène internationale. Cette position du HR/VP en faveur du multilatéralisme est une aubaine pour l’UE qui cherche à occuper une place de choix dans la lutte contre les blocages impliqués par les rivalités stratégiques opposant les Etats-Unis et la Chine notamment. Même s’il admet que le multilatéralisme ne doit pas se limiter à une copie de celui du 20ème siècle, Josep Borrell insiste sur la volonté affirmée par l’UE de garder le cap et de trouver des solutions communes. Il rappelle à ce titre que l’UE contribue à hauteur de 25% au budget des Nations unies. Dans le cadre d’une reprise mondiale soutenable et inclusive, Josep Borrell prône également l’élaboration de nouvelles normes mondiales et le développement d’une génération de partenariats innovants pour permettre une adaptation du multilatéralisme aux défis posé par l’unilatéralisme, qui ne peut espérer résoudre les problèmes posés par les crises de notre époque. Ainsi, « combler le déficit du multilatéralisme » passe par un soutien aux instances onusiennes et au secrétaire général de l’ONU, mais également par une inclusion plus forte des pays du sud dans ce dialogue

« Make multilateralism great again ». Cette paraphrase du slogan de l’ancien président américain est tout à fait caractéristique de la ligne de conduite que Josep Borrell s’attache à suivre et à promouvoir au niveau international depuis plusieurs années déjà. Si le multilatéralisme est aujourd’hui encore régulièrement remis en question par des désaccords internationaux, les nombreuses interventions du HR/VP soulignent sa conviction de la pertinence de l’oubli de l’unilatéralisme pour se tourner vers un multilatéralisme, voire un plurilatéralisme régional.

Pour citer ce document :
Pauline Adé, "Josep Borrell. Vice-président de la Commission européenne et Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité". Portrait [en ligne], 07.08.2023, https://observatoire-multilateralisme.fr/publications/josep-borrell/