Al Gore, Vice President of the United States, official portrait, 1997. U.S Federal Government, Public domain, via Wikimedia Commons.
Vice Président des Etats-Unis et militant écologiste
Nathan Jahier est étudiant au sein du master Paix, action humanitaire et développement de Sciences Po Lille, spécialisé dans l’étude de la gestion de conflits et des questions de développement.
“Honour your climate promises or face the consequences”. Al Gore à l’attention des gouvernements lors de la COP 26 de Glasgow, 2021.
Al Gore, figure politique américaine
Albert Arnold Gore est né le 31 mars 1948, à Washington. Après une carrière journalistique au sein du Nashville Tennessean, il s’investit dans la politique américaine. Il devient représentant du Tennessee en 1976, avant de siéger au Sénat. De 1993 à 2001, il devient Vice Président des Etats-Unis sous la présidence de Bill Clinton. Il s’est également porté candidat aux élections présidentielles américaines de 2000, remportées par Georges W. Bush.
De Vice-Président à militant écologiste
Al Gore se détachera progressivement de cette carrière politique pour devenir une figure majeure du plaidoyer international pour l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique. Il se consacre notamment à cette cause via sa fondation The Climate Reality Project, destinée à former au militantisme environnemental.
Parmi les étapes importantes de son engagement militant, il réalise en 2006 un premier film documentaire, Une vérité qui dérange, dans lequel il montre les effets majeurs du changement climatique et rappelle l’urgence d’une action internationale concertée. Le film est récompensé par deux Oscars. Dans un contexte international insuffisamment réactif aux enjeux environnementaux, en particulier sous la présidence de Donald Trump, Al Gore réalise en 2017 Une suite qui dérange, second documentaire dans lequel l’impact de l’activité humaine sur les équilibres terrestres est actualisé, et l’urgence à agir rappelée.
Le multilatéralisme au service de la cause environnementale
Plus qu’un porte-parole de la cause environnementale, Al Gore est reconnu pour son engagement en faveur du multilatéralisme. Déjà sous ses fonctions de Vice-Président des Etats Unis, il adopte un rôle actif au sein de l’Organisation des Nations Unies. Il préside notamment une réunion exceptionnelle du Conseil de Sécurité de l’ONU, en 2000, consacrée à la lutte contre le Sida en Afrique. Il en appelle alors à une mobilisation collective et concertée des Etats du monde entier pour répondre à la crise. Par ailleurs, toujours en tant que Vice-Président, il contribue largement à la signature du Protocole de Kyoto (1997) par les Etats-Unis, étape historique des négociations internationales multilatérales pour l’environnement. Plaider en faveur de l’action multilatérale et de la coopération internationale devient donc un élément central de son engagement pour la cause environnementale. En leitmotiv de ses conférences internationales, de ses ouvrages ou de ses documentaires, Al Gore insiste en effet depuis des années sur la nécessité que l’action multilatérale pour le climat soit renforcée afin de répondre à l’urgence, et que les gouvernements s’investissent davantage dans la lutte contre le réchauffement climatique, une affaire de volonté politique selon lui. Al Gore porte notamment son engagement militant à l’occasion des COP, multilatérales par définition. En ces occasions, il anime des conférences et adresse son message autant à la société civile qu’aux Etats et à leurs gouvernements, qu’il exhorte régulièrement à respecter leurs engagements climatiques pris dans les accords internationaux et à mettre en œuvre une réponse appropriée à l’urgence climatique. En outre, son plaidoyer environnemental s’est montré très critique vis-à-vis des décisions gouvernementales unilatérales négligeant l’urgence climatique. Il déplore en ce sens la réticence de la Russie et de l’Arabie Saoudite lors de la COP24 (Pologne, 2018), ou encore la décision de l‘administration Trump de se retirer de l’accord de Paris de 2015. Al Gore s’était montré particulièrement actif afin de convaincre les pays du monde entier de sa signature.
Pour conclure et reprendre les termes de Ban Ki-Moon à l’occasion du Prix Nobel de la Paix remis en 2007 à Al Gore, “L’engagement et la conviction exceptionnels d’Al Gore, [sont] un exemple du rôle crucial que des individus et la société civile peuvent jouer pour encourager des réponses multilatérales sur des sujets planétaires”. Il fut lauréat du prix Nobel de la Paix conjointement avec le GIEC pour “leurs efforts pour mettre en place et diffuser une meilleure compréhension et connaissance du changement climatique causé par l’homme, et de jeter les bases des mesures nécessaires pour contrecarrer un tel changement“, selon le comité Nobel.
Si Al Gore est reconnue pour son engagement militant dans la lutte contre le réchauffement climatique et comme porteur du multilatéralisme environnemental, il anime aussi certaines controverses. Son engagement aux Nations Unies dans la lutte contre le Sida fut en effet dénoncé comme stratégie électorale dans le contexte des élections présidentielles de 2000. Son premier film fait l’objet de certaines critiques pour quelques inexactitudes scientifiques. Enfin, il reste contesté dans le milieu climato-sceptique. Néanmoins, Al Gore reste fidèle à la veine habituelle de son activisme environnemental.
Nathan Jahier, "Albert Arnold Gore. Vice Président des Etats-Unis et militant écologiste ". Portrait [en ligne], 21.08.2023, https://observatoire-multilateralisme.fr/publications/albert-arnold-gore/