Achim Steiner

Achim Steiner est l’actuel administrateur du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Il a marqué de son empreinte la diplomatie environnementale des trente dernières années, en œuvrant aux fonctions les plus hautes des principales organisations internationales. Aux commandes de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) au début des années 2000, puis comme directeur exécutif du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) jusqu’en 2016, il a ardemment défendu la nécessité d’une économie durable, conjuguant croissance économique, préservation des ressources naturelles et égalité sociale. Steiner a pu porter ce discours en travaillant aux quatre coins du globe et mettre ses réseaux au service de la coopération, notamment dans les pays en développement où il jouit d’une grande légitimité. Qualifié de « très passionné et très éloquent » par Ban Ki-moon (interrogé par Maria Ivanova, p. 267), Achim Steiner est estimé de ses partenaires pour ses excellentes facultés de communication et son leadership est reconnu de tous. Son engagement a été récompensé de nombreuses fois, à l’image du Prix Steiger pour l’environnement qui lui a été décerné en 2007. Au PNUD, Achim Steiner doit désormais faire face à de nouveaux défis et problèmes internes. Dans le portrait qui suit, nous abordons quelques-uns des éléments centraux de son parcours.

Né au Brésil en 1961 de parents allemands, Achim Steiner est diplômé de l’Université de Londres en études africaines et orientales et spécialisé dans le développement ainsi que la politique environnementale. Il s’est également formé à l’Institut allemand de développement et à la Harvard Business School. En 1989, il débute sa carrière professionnelle auprès de l’Agence allemande de coopération internationale pour le développement, avant d’être recruté par l’UICN en 1991. Il y développera des partenariats entre la communauté environnementale, la Banque mondiale et le système onusien. Six ans plus tard, il quitte l’UICN et devient conseiller technique principal de la Commission du Mékong, organe intergouvernemental siégeant au Laos et dont le but est la gestion et le développement durable du fleuve du même nom.

En Asie du Sud-Est, Achim Steiner a pu acquérir les compétences nécessaires à une nomination en tant que Secrétaire général de la Commission mondiale des barrages (CMB), en 1998. Ce projet éphémère a été créé en Afrique du Sud sous le patronage de Nelson Mandela, afin d’étudier les impacts environnementaux, économiques et sociaux des barrages dans le monde. Terminant sa mission avec la publication de son rapport, la CMB s’éteint à la fin de l’année 2000 et la carrière d’Achim Steiner connait un tournant l’année suivante. En 2001, il retourne à l’UICN, cette fois-ci en qualité de Directeur général. Durant son mandat, il poursuit la volonté d’une politique de conservation des écosystèmes à plusieurs échelons qui, tenant compte des particularités locales, soit harmonisée au plan global afin que les connaissances, les outils et les ressources financières profitent à tous.

Son expérience dans le domaine du développement durable et de la gestion environnementale, de même que le réseau qu’il a pu tisser parmi ses partenaires de la société civile, des gouvernements et du système onusien, ont abouti en 2006 à sa nomination à la tête du PNUE par l’Assemblée générale de l’ONU. Il milite en faveur d’une compréhension plus large du développement économique, qui intègre la préservation des ressources naturelles, la vigilance au changement climatique, la conservation de la biodiversité et une attention particulière aux populations vulnérables. Pour donner davantage de résonnance à ce discours, il préconise la diffusion de l’idée de capital naturel (une quantification pécuniaire de la valeur des actifs environnementaux), défend les scientifiques et incite les entreprises à adopter une éthique de la durabilité. En 2009, en parallèle de son activité au PNUE, il est également appelé à diriger l’Office des Nations Unies de Nairobi.

Dans son ouvrage sur le PNUE, Maria Ivanova note qu’Achim Steiner est doté de formidables capacités politiques, diplomatiques et intellectuelles, lui permettant de convaincre les gouvernements et le secteur privé de s’engager à ses côtés. Cela étant, à l’intérieur de l’organisation, les conflits ont perduré. Elle explique ainsi qu’il gérait le PNUE de manière très hiérarchique et s’appuyait sur un petit cercle de proches, procurant un sentiment d’exclusion parmi certains employés. Il n’en est pas moins parvenu à améliorer la santé financière de l’organisation, avant de la quitter en 2016 pour prendre la direction de l’Oxford Martin School, pour une courte durée.

En effet, en 2017, il accède à la tête du PNUD et y est reconduit en 2021. Il fait des Objectifs de développement durable une priorité, de même que l’Accord de Paris et le changement climatique, défendant que la technologie et le numérique feront partie de la solution. Ces derniers mois, Achim Steiner a été confronté à de gros défis, comme l’épidémie de COVID-19, la situation des femmes en Afghanistan ou l’effondrement économique qui menace en Ukraine, alors que l’organisation est elle-même en proie aux difficultés et doit répondre à plusieurs allégations de fraude et de corruption, lesquelles ont inquiété les pays donateurs au point que certains ont décidé de geler des fonds.