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Amy Pope

LE 21.05.2024

Amy Pope, directrice générale de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), lors d’une discussion entre l’OIM et le Comité américain pour les réfugiés et les immigrants (USCRI) au sujet du Rapport sur l’État des migrations en Afrique de l’Est et dans la Corne de l’Afrique, en novembre 2023. U.S. Institute of Peace / Flickr, CC BY 2.0.

Directrice générale de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM)

Clémence Momot

Clémence Momot est étudiante au sein du master Paix, action Humanitaire et Développement de Sciences Po Lille, spécialisé dans l’étude de la gestion de conflits, des questions de développement et des pratiques de l’aide.

Mots clés :  Portrait   Etats-Unis   IOM   Migrations   ONU 

Amy Pope est une avocate américaine. Tout au long de sa carrière, elle publie et travaille sur les questions migratoires. Elle a occupé plusieurs postes de conseillère en lien avec la migration à la Maison Blanche, lors de mandats démocrates. Sous la présidence Obama, elle est directrice principale de la sécurité transfrontalière de 2013 à 2015, puis assistante adjointe du président pour la sécurité intérieure de 2015 à 2017. En 2021, elle est nommée conseillère principale sur la migration auprès de Joe Biden. La même année, elle rejoint l’agence onusienne de la migration (OIM) où elle occupe un poste de directrice adjointe, avant de se présenter à la direction générale contre son directeur Antonio Vitorino, candidat à sa propre succession.

Le retour d’une direction américaine à la tête de l’OIM

La candidature d’Amy Pope a causé la surprise au sein de l’OIM. Sans que rien ne l’interdise, une compétition entre deux dirigeants de l’organisation est pour le moins inhabituelle. Au-delà de créer des tensions au sein de l’agence, la campagne pour la direction de l’OIM a également donné lieu à une bataille diplomatique entre américains et européens. Lors d’une conférence de presse, Pope a nié voir une quelconque opposition entre Europe et États-Unis dans sa candidature, prônant une compréhension globale et une envie de travailler avec tous les partenaires de l’OIM. Son prédécesseur, le portugais Antonio Vitorino, avait gagné en 2018 face au candidat controversé Ken Isaacs, soutenu par Trump. 

« C’est la bonne personne pour le poste », Joe Biden, mai 2023. 

À l’exception du mandat Vitorino, les États-Unis avaient instauré la « tradition de longue date d’avoir leur candidat au poste de directeur général » (Professeure Megan Bradley, spécialiste de l’OIM). Amy Pope a pu compter sur un soutien affiché du président Joe Biden, dont l’administration a joué un grand rôle dans la campagne à la direction générale (en envoyant des hauts fonctionnaires de la Maison Blanche aux côtés d’Amy Pope lors sa tournée en Asie, en Afrique ainsi qu’en Amérique Latine précédant l’élection). 

À l’issue d’un premier tour, l’avantage net concédé à Amy Pope a mené Antonio Vitorino à retirer sa candidature. Amy Pope est entrée en fonction le 1er octobre 2023 pour un mandat de 5 ans. Le communiqué de presse de l’OIM fait état d’une entrée « dans l’histoire d’Amy Pope comme première femme au poste de Directrice générale de l’organisation. L’accès à la direction générale de la candidate américaine doit amener une plus grande coopération entre l’OIM et les Etats-Unis, qui sont le plus grand partenaire bilatéral de l’Organisation internationale pour les migrations. Le secrétaire d’État des États-Unis, Antony Blinken, a d’ailleurs affirmé être en accord avec sa vision et vouloir travailler avec elle pour « l’implémentation de réformes majeures » afin de renforcer l’efficacité et l’inclusivité de l’Organisation.

Une volonté de réforme de l’OIM

L’entrée d’Amy Pope à l’OIM s’est faite par le poste de directrice générale adjointe chargée de la gestion des réformes internes, au cours duquel elle a obtenu un supplément de 75 millions de dollars en apports financiers des gouvernements pour l’amélioration des performances de l’OIM sur le terrain. Sa riche expérience avec les réformes de la gouvernance institutionnelle et sa « connaissance approfondie » (selon ses propres mots) de l’organisation laissent penser qu’elle compte moderniser l’Organisation et y apporter une culture du changement. En campagne, elle a déclaré vouloir diversifier les ressources de l’OIM notamment par l’établissement de nouveaux liens avec le secteur privé. 

« Faire entrer l’organisation dans le 21ème siècle »

La nouvelle directrice générale de l’OIM a mis l’accent sur l’importance croissante du mandat de l’OIM qui aura « encore plus de travail » « avec les effets des conflits, de la pauvreté et du changement climatique » (entretien avec l’AFP en mars 2023). Pope prône une approche globale de la question des migrations, afin de permettre une action de l’OIM sur les personnes susceptibles de devenir des migrants, avant même que ceux-ci ne soient forcés de se déplacer, et de prévenir ainsi des migrations dangereuses (la traversée de la mer Méditerranée par une migration irrégulière a causé plus de 2000 morts depuis le début de l’année 2023). Amy Pope, tout comme la Constitution de l’OIM, aligne sa vision avec le Nexus Migration-développement : « Il y a désormais de nombreuses preuves de la valeur de la migration  pour les économies, pour reconstruire des villes, renforcer l’innovation et l’entreprenariat ». La modernisation de l’action de l’OIM passe, pour Pope, par la reconnaissance du changement climatique comme défi global majeur. Cela doit se traduire par une prise en compte plus grande de son impact sur la question des migrations. En accord avec les principes de l’OIM (« des migrations sûres, ordonnées et humaines »), Pope veut placer l’humain au cœur de son mandat.

Pour citer ce document :
Clémence Momot, "Amy Pope. Directrice générale de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM)". Portrait [en ligne], 21.05.2024, https://observatoire-multilateralisme.fr/publications/amy-pope/