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Elayne Whyte Gómez

Diplomate contre la prolifération des armes nucléaires

Sarah Fossey

Sarah Fossey est étudiante au sein du master Paix, action humanitaire et développement de Sciences Po Lille, spécialisé dans l’étude de la gestion de conflits et des questions de développement.

Mots clés :  Portrait   diplomatie   Négociations   sécurité   TNP 

Hay una fuerza interna que dice que no podemos fallar. No podemos darnos el lujo de fallar”, Elayne Whyte Gómez.

Elayne Whyte Gómez, académicienne et diplomate costaricienne, est une figure clef du monde multilatéral qui s’est notamment illustrée lors des négociations sur le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TPNW).

Quelques éléments biographiques

Concernant sa carrière académique, Elayne Whyte Gómez fut diplômée en Relations Internationales de Université autonome d’Amérique centrale de San José en 1991, puis obtint en 1993 un Master en Arts in International Policy and Development au Middlebury Institute of International Studies (MIIS). Elle fut ensuite professeure et chercheuse à l’École des affaires internationales de l’Université nationale du Costa Rica et à l’Institut d’études latino-américaines de la même Université de 1995 à 2018. À propos de sa carrière diplomatique, si Elayne Whyte Gómez est depuis août 2020 membre du Conseil consultatif international du James Martin Center for Nonproliferation Studies, elle fut, entre autres, représentante permanente auprès du siège des Nations Unies à Genève (2014-2020) ainsi que vice-ministre des Affaires Étrangères du Costa Rica. Elle est par ailleurs la plus jeune personne ainsi que la première femme à avoir exercé cette fonction.

Elayne Whyte Gómez a également occupé de nombreux postes au sein de diverses organisations internationales. Elle fut directrice exécutive du Projet mésoaméricain pour l’intégration et le développement de 2010 à 2014. Elle fut aussi consultante auprès d’organisations internationales sur l’intégration régionale, la sécurité et les droits de l’homme comme la Banque mondiale, la Banque interaméricaine de développement ou encore l’OIT. Si ces quelques éléments biographiques ne sont pas exhaustifs, ils démontrent la richesse du parcours d’Elayne Whyte Gómez, tant d’un point de vue académique que diplomatique.

Un “miracle diplomatique”

Un “miracle diplomatique”. Ces mots appartiennent à la professeure Jan Knippers Black. Elle les a prononcés en 2017, lors d’une conférence tenue par le MIIS, au lendemain de la signature du TPNW. Ce traité, entré en vigueur en janvier 2021, est considéré comme une “victoire pour l’humanité” selon le CICR. Le Comité ajoute même que ce “traité constitue une étape essentielle et attendue de longue date vers un monde sans armes nucléaires”. Dans les faits, le TPNW rend illégal le fait d’employer, de menacer d’employer, mais aussi de fabriquer, d’acquérir, d’essayer et de posséder des armes nucléaires. De même, il rend illégal le fait d’aider ou d’inciter quiconque à s’en procurer ou en développer. Le traité prévoit aussi une obligation d’aide aux victimes d’essais ou d’attaques liés aux armes nucléaires, couplée à une obligation d’assainissement des zones contaminées.

Ces interdictions et obligations devront être respectées par les 56 Etats ayant déjà ratifié le texte qui est juridiquement contraignant – à noter qu’il y a au total 86 Etats qui ont signé le traité depuis 2017, et que 122 Etats s’étaient prononcés en faveur du traité lors de la dernière session de négociations. Aussi, même si les puissances nucléaires ne faisaient pas partie de la table des négociations, il leur est possible de rejoindre le traité à tout instant. Ce moment historique fut orchestré par Elayne Whyte Gómez qui a présidé les conférences de négociations des Nations Unies. Elle a rendu possible un renversement complet du discours dominant qui dépeignait les armes nucléaires comme facteurs de sécurité et de stabilité internationale. Grâce à “son sens diplomatique, sa ténacité et ses compétences” (selon le Dr. William Potter), Elayne Whyte Gómez a remis avec succès l’humain et l’environnement au premier plan, et ce notamment en offrant une voix prépondérante aux survivants d’Hiroshima et Nagasaki.

Les négociations d’Elayne Whyte Gómez

Selon les mots du Dr. William Potter, si Elayne Whyte Gómez a de “douces manières”, elle n’en demeure pas moins détentrice d’une “main de fer” et d’un “marteau qu’elle sait utiliser à très bon escient”. De plus, pour elle, “les processus [de négociations] doivent être ouverts, transparents, participatifs, inclusifs et toutes les voix de tous les êtres humains et de toutes les zones géographiques du monde doivent être entendues”. Cette déclaration témoigne de l’effort d’Elayne Whyte Gómez de mettre en avant le rôle primordial de la société civile dans les négociations mais aussi de souligner le rôle des femmes dans le multilatéralisme, dont la vision permet l’innovation.

Pour conclure et comme l’a si bien énoncé la professeure Jan Knippers Black, “Elayne Whyte Gómez will be setting new standards and better standards for what diplomacy should be and can be”. Et elle le fera sans aucun doute avec la passion qui l’habite depuis son passage au MIIS, à l’époque où elle voulait déjà, selon ses propres termes, “changer le monde”.

Pour citer ce document :
Sarah Fossey, "Elayne Whyte Gómez. Diplomate contre la prolifération des armes nucléaires ". Portrait [en ligne], 28.08.2023, https://observatoire-multilateralisme.fr/publications/elayne-whyte-gomez/